Les trous de zai
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Les trous de zai

Parfois, les inspirations viennent de très loin, d'une petite et lointaine expérience, mais elles portent en leur sein un message universel. En lisant sur les méthodes des agriculteurs en Afrique pour lutter contre la désertification, j'ai été frappé par le modèle des "trous de zai" en Tanzanie. Ce ne sont que de petits trous, mais ils ont changé le destin de la terre et ont prouvé que de simples et modestes étapes peuvent ouvrir la voie à une grande transformation. À ce moment-là, la question m'est venue à l'esprit : la Palestine, dont la terre et l'eau et la communauté sont épuisées, n'a-t-elle pas aussi besoin de son propre "zai" ? Pas seulement en agriculture, mais aussi en politique, dans la société et dans la dimension féminine, pour nous donner une leçon sur la transformation de la sécheresse en fertilité, et de la fragilité en résilience.

Comme les agriculteurs en Tanzanie ont saisi l'idée des petits trous pour faire face à la désertification et retrouver la fertilité de leur terre, la Palestine, dont la terre est épuisée par le blocus, le mur, l'agression et le manque d'eau et de ressources, peut aussi innover et creuser son propre "zai" dans l'agriculture, la société, la politique et la dimension féminine, saisir ce qui s'échappe de la vie avant qu'il ne soit volé, et transformer la sécheresse en fertilité, et la défaite en résilience, et récupérer le cycle de la vie du cœur de la situation difficile.

L'agriculture et l'eau

Le zai palestinien est présent dans les méthodes d'agriculture et de résistance hydrique : de petits trous autour des oliviers et des arbres fruitiers pour récolter l'eau de pluie avant qu'elle ne soit volée par les colonies, réutilisation des engrais organiques et des résidus de récolte pour revivre le sol, construction de réservoirs et de puits d'eau pour permettre aux agriculteurs de faire face à la soif de l'occupation.

La société civile et le développement

Chaque initiative locale, qu'elle soit jeune, féminine ou communautaire, est un petit trou de zai ; elle recueille les gouttes d'eau et les transforme en ressources de vie. Des coopératives alimentaires féminines qui produisent des confitures et des produits de boulangerie et redistribuent les revenus, des initiatives éducatives populaires dans les villages assiégés, des maisons qui s'ouvrent pour enseigner aux enfants lorsque les écoles ferment... la coiffure gratuite avant le début de l'année scolaire... toutes sont de petits parcours mais elles protègent la communauté de l'érosion.

La politique et la résistance nationale

Le zai palestinien n'est pas seulement agricole, mais un acte politique enraciné, réhabilitant un morceau de terre menacé d'expropriation dans la vallée, à Tulkarem, à Jénine, construisant des tentes et des réservoirs d'eau dans les villages et camps menacés et assiégés, des comités de protection populaire qui organisent les habitants pour faire face aux attaques des colons, et transforment la défense de la terre en un travail collectif organisé. Ce ne sont pas des étapes énormes, mais elles sont cumulatives, redonnant au peuple sa fertilité et sa capacité à résister.

La dimension féminine

Tout comme les petits trous redonnent la vie à une terre assoiffée, les femmes redonnent la fertilité à l'espace public par des initiatives continues... des cuisines collectives qui se transforment en coopératives préservant la vie, des cercles de lecture et de culture et des ateliers artistiques qui conservent et protègent l'identité et la mémoire, des espaces sûrs et des réseaux de soutien qui empêchent la désintégration, de petits projets qui transforment la fragilité en force et semencent la vie au cœur de la communauté.

La leçon, face à la sécheresse, qu'elle soit environnementale, politique ou sociale, n'est pas que des projets colossaux seuls redonnent la vie, mais des petits trous qui saisissent la pluie avant qu'elle ne soit volée, et transforment la fragilité en fertilité et résilience. Et peut-être que la Palestine tout entière a besoin aujourd'hui de voir de nouveaux "trous de zai", agricoles, féminins, politiques et communautaires, qui creusent dans la stérilité et redonnent à la vie son cycle.


 

Cet article exprime l'opinion de son auteur et ne reflète pas nécessairement l'opinion de l'Agence de Presse Sada.