Dans la constitution et la constitution temporaire (1-3)
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Dans la constitution et la constitution temporaire (1-3)

Le président palestinien Mahmoud Abbas a émis un décret et une décision présidentielle selon l'agence de presse palestinienne, stipulant la formation d'un comité pour rédiger une constitution temporaire. La formulation de la nouvelle publiée par l'agence porte à confusion quant au but du décret et de la décision présidentielle, qu'il s'agisse de rédiger une constitution temporaire ou de la constitution de l'État de Palestine. "Le comité sert de référence légale pour la rédaction de la constitution temporaire, ...., en préparation de la réalisation de l'État de Palestine et de ses institutions à travers l'élaboration d'un projet de constitution".
 
Sur le sens du mot constitution et ses usages

Le mot "constitution" est d'origine persane et signifie en arabe "la base" ou "le principe", et il évoque le sens de "la permission" et "la licence". Selon le dictionnaire Al-Mustadrak du Dr. Mustafa Jawad, la constitution au sens de la lettre finale est un mot persan arabisé, signifiant le grand ministre auquel on se réfère pour les affaires, et son origine est le registre où sont rassemblées les lois du roi et ses réglementations, c'est pourquoi on a nommé le ministre ainsi, car ce qui y figure est connu par lui, ou parce qu'il est comme cela à y référer, ou parce qu'il en a la main, ou parce qu'il ne s'ouvre que devant lui. En anglais et en français, ce mot est traduit par le terme (Constitution), qui signifie "la base" ou "l'organisation" ou "la formation".

Le terme constitution est devenu couramment utilisé depuis 1923 à la suite de l'adoption de la constitution de 1923 en Égypte. Avant cette date, on utilisait plus souvent l'expression "la loi organisationnelle" ou "la loi fondamentale" ou "le système de gouvernement" ou "la loi de l'État" pour désigner la constitution elle-même.
Dans le patrimoine populaire arabe, le mot constitution est utilisé pour demander la permission et la licence d'entrée aux étrangers dans les maisons ou les endroits où se trouvent des femmes. Les hommes le disent souvent s'ils veulent faire savoir aux femmes qu'ils sont présents ou qu'ils passent ou qu'ils entrent ou sortent. Cela est également utilisé pour s'adresser aux djinns, car une femme, avant de verser de l'eau chaude sur le sol, dit en avertissant : "Constitution, oh présents"... "Mettez vos mains sur la tête de vos enfants, ne dites pas que nous ne vous avons pas dit" ; tout cela pour mettre en garde afin de ne pas blesser un djinn, sinon cela leur aurait fait du mal, ou lors de la préparation des djinns en disant "Constitution, oh nos seigneurs", accompagnée de crainte et d'espoir que le porteur de la constitution trouve une solution aux problèmes qu'ils rencontrent.
 
 La constitution temporaire n'est pas toujours un "bon" signe

Les constitutions temporaires surviennent généralement lorsque l'on renverse ou révolutionne un régime, c'est-à-dire lorsqu'un changement fondamental de la structure du pouvoir exécutif se produit. Les expériences récentes arabes, c'est-à-dire après le printemps arabe, que certains politiciens palestiniens décrivent comme ayant entraîné le désordre et la destruction, montrent qu'il y a eu des constitutions temporaires créées après la fuite de Zine el-Abidine Ben Ali de Tunisie, la démission de Mohamed Hosni Moubarak d'Égypte, l'assassinat de Mouammar Kadhafi en Libye, l'assassinat d'Ali Abdallah Saleh au Yémen, le coup d'État contre Omar el-Béchir au Soudan et enfin la fuite de Bachar el-Assad de Syrie, dans des pays qui, pour la plupart, ont subi des ravages et des destructions.

En revanche, les pays qui ont respecté leur peuple et évité de tomber dans le désordre ont développé leur construction politique en organisant des élections libres et en modifiant leur loi fondamentale (leur constitution) afin d'atteindre l'objectif de gouvernance et les intérêts des citoyens, comme le Maroc, l'Algérie et la Jordanie, ou ont modifié leurs pratiques en opérant un changement culturel dans les structures sociales et institutionnelles, comme l'Arabie saoudite après 2014.   

À mon avis, la loi fondamentale palestinienne, avec ses dispositions, permet un passage du pouvoir à l'État, comme indiqué dans le décret présidentiel, surtout que l'article 115 stipule : "Les dispositions de cette loi fondamentale s'appliquent pendant la période de transition et peuvent être prolongées jusqu'à l'entrée en vigueur de la nouvelle constitution de l'État de Palestine". Ainsi, la question sérieuse ici concerne l'activation de l'application de ses dispositions et l'organisation d'élections générales pour compléter l'expérience politique "constitutionnelle" de manière à réaliser les bénéfices de la gouvernance et les intérêts des citoyens.

Cet article exprime l'opinion de son auteur et ne reflète pas nécessairement l'opinion de l'Agence de Presse Sada.