Haaretz : rien n'est pire que la présidence de Zini au Shabak

SadaNews - La nomination imminente du général David Zini à la tête du Shabak (Service de sécurité intérieure israélien) a provoqué une tempête politique et médiatique en Israël, non seulement à cause de sa personnalité controversée, mais aussi en raison de ce qu'elle représente comme reflet de changements plus profonds dans la nature de l'État d'occupation et de ses institutions de sécurité.

Le journal Haaretz a consacré deux articles à l'un des aspects de la personnalité de Zini et à l'environnement dans lequel il a grandi. L'écrivain de gauche Gideon Levy a affirmé que la nomination de Zini à la tête des services de renseignement fait geler le sang dans les veines, le qualifiant de messianique d'un père messianique.

Levy a déclaré que les Palestiniens, aux yeux de Zini, sont des "ennemis du Saint, béni soit Son nom" et que la guerre contre eux est éternelle. De plus, cet homme a grandi sur un chemin fluctuante entre la doctrine de Baruch Goldstein (l'auteur du massacre de la mosquée Ibrahimi en 1994) et les enseignements du rabbin extrémiste Tzvi Tau.

Il a ajouté que lorsque la religiosité "obscurantiste" est le moteur et que l'armée et le Shabak sont les outils, le résultat devient préoccupant, soulignant que le mélange d'un fanatisme religieux ardent avec "l'arrogance du nationalisme fou" produit un fascisme sauvage, avertissant que des personnes comme Zini feront tout au nom de ces deux motivations.

Le Shabak est le même

Dans son article acerbe, Gideon Levy rappelle aux libéraux que leur problème n'est pas avec la nature du Shabak, mais avec son image.

Chaque fois que des dirigeants "libéraux" -comme Nadav Argaman ou Ronen Bar- dirigent l'agence, cela ne suscite pas d'inquiétude, bien qu'ils aient pratiqué à l'encontre des Palestiniens les mêmes politiques de détention, de torture et d'assassinat. La nouveauté avec Zini est qu'il ne cache pas son fascisme religieux, mais s'en vante, comme indiqué dans son article.

Dans un autre article, Haaretz déclare que Zini a l'habitude de vénérer l'extrémisme religieux, considérant que le messianisme (une croyance juive qui prône le retour de Josué le rédempteur à la fin des temps) n'est pas un mot "sale".

Il s'oppose également à la fin de la guerre à Gaza et croit que le conflit n'est pas un conflit politique résoluble, mais une bataille existentielle sacrée, basée sur le récit biblique.

Ainsi, le journal estime qu'il n'est pas surprenant que Zini soit le seul officier d'état-major de l'armée à avoir adopté le slogan de "victoire totale", lancé par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui doit comparaître devant la Cour pénale internationale pour des accusations de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

Selon l'article, Zini rejette toute fin de la guerre à Gaza et voit le conflit comme éternel. Dans ses discours, il assimile les Palestiniens contemporains aux Palestiniens anciens qui ont cherché à détruire le "royaume d'Israël".

Il entretient aussi une relation de parenté avec le rabbin Eliezer Kashtiel, qui croit que l'invasion de la terre est un devoir, même si les Israéliens sont accueillis par des fleurs et des lettres d'amour. Cette déclaration représente une idéologie enracinée à laquelle Zini est lié, reflétant une foi inébranlable dans l'invasion préventive imposée religieusement, et non une guerre défensive.

Haaretz précise que les hauts gradés de l'armée israélienne ayant côtoyé Zini pendant des années sont ceux qui le connaissent le mieux et sont les plus inquiets de sa nomination.

Certains d'entre eux -actuels et anciens- l'ont qualifié de manière similaire, le décrivant comme "un penseur rigide qui tend à voir les choses en noir et blanc, convaincu que chaque problème peut être résolu par la force".

Ils se sont demandé : "Que fera une personne qui considère les Palestiniens comme une menace existentielle divine pour Israël lorsqu'elle détiendra un tel pouvoir ?" Ils voient que cette question est directement liée à son attitude connue envers les Palestiniens et à l'immense pouvoir qu'il aura en tant que président du Shabak, un organisme qui détient le pouvoir des détentions administratives et des réseaux de renseignement.

Levy : L'objectif du Shabak pour lequel il travaille est de consacrer l'occupation, l'apartheid, le déplacement et la judéification à travers des interrogatoires, du chantage, des assassinats et des enlèvements de masse, qualifiés en Israël de détentions, et Zini est la personne idéale pour s'en charger.

Selon l'écrivain de gauche Gideon Levy, l'objectif du Shabak est de consacrer l'occupation, l'apartheid, le déplacement et la judéification via des interrogatoires, du chantage, des assassinats et des enlèvements de masse, appelés en Israël "détentions", donc, l'auteur estime que Zini est le mieux placé pour accomplir cette tâche.

Il souligne que l'univers cauchemardesque de Zini existe depuis longtemps parmi les Israéliens, mais lorsque cela n'a pas d'éléments religieux ou ne consiste pas à exécuter les ordres de Dieu, les Israéliens n'y prêtent pas attention.

Cependant, Levy semble peu optimiste, disant que les Israéliens pourraient enfin se réveiller lorsqu'ils réaliseront que ce monde cauchemardesque est appliqué au nom de Dieu, citant une déclaration du ministre de la Défense, Israël Katz, qui "se vante de la destruction de la tour (Susi) dans la ville de Gaza et menace d'ouvrir les portes de l'enfer", le qualifiant de "personnalité pitoyable" dans un programme télévisé satirique au mieux.

Source : Haaretz