Concurrence nationale… Quand devient-elle un levier pour la libération au service de l'occupation ?
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Concurrence nationale… Quand devient-elle un levier pour la libération au service de l'occupation ?

La divergence entre les factions palestiniennes n'est ni un défaut ni un danger en soi, mais c'est un trait de tout mouvement de libération vivant qui recherche le meilleur chemin vers la liberté. La pluralité des visions et des efforts est le signe d'une vitalité intellectuelle et politique, à condition que cette pluralité reste gouvernée par l'intérêt national suprême. La concurrence entre les factions doit être une concurrence positive mesurée par sa proximité avec la confrontation de l'occupation et l'accélération de son élimination, et non par sa capacité à déformer l'autre ou à obtenir la satisfaction de l'extérieur.

Les Palestiniens ont connu, par le passé, des exemples brillants de cette concurrence saine, notamment au sein des universités palestiniennes lorsque les espaces d'activité étudiante étaient pleins d'initiatives nationales. Chaque faction s'efforçait de prouver sa présence à travers des actions de terrain. À cette époque, la concurrence tournait autour de qui avait le plus apporté à la Palestine, qui avait mené des opérations contre l'occupation, et qui avait offert des martyrs, des prisonniers et des blessés pour la patrie. Le critère de cette distinction était l'offre nationale et le service du peuple, et non les privilèges ou les aides extérieures.

Cependant, aujourd'hui, nous assistons - malheureusement - à un dérèglement sérieux dans le concept de concurrence. Une partie du discours politique et médiatique est désormais tournée vers la critique des autres factions et leur déformation, sans qu'une seule flèche ne soit dirigée vers l'occupation, comme si la véritable bataille était devenue interne et non nationale, comme si l'occupation avait disparu de la scène. Pire encore, certaines voix ne cherchent pas à construire un projet de résistance, mais à obtenir le soutien de parties extérieures, qu'elles soient israéliennes, américaines ou autres, dans une tentative d'acquérir une légitimité ou des gains politiques temporaires au détriment de l'intérêt national.

C'est ici que réside le véritable danger : lorsque la concurrence nationale se transforme en règlement de comptes entre factions et que la critique se transforme en incitation et en accusations de trahison qui servent les agendas de l'ennemi, nous avons alors, sans nous en rendre compte, glissé du terrain de la résistance à celui du service de l'occupation.

En même temps, il est important de réaliser que le travail politique n'est pas comme le terrain de résistance. Chacun a ses outils, ses contextes et ses engagements. Certaines factions, compte tenu de leur position dans le cadre officiel ou de leurs engagements au sein de l'OLP, sont tenues de respecter les accords et les conventions internationales qu'elles ont signés au nom du peuple palestinien. Cela ne signifie pas qu'elles abandonnent leurs constantes ou acceptent l'occupation, mais c'est une part de la gestion du conflit par des moyens multiples. La prise de conscience de l'intégration entre la politique et le terrain est ce qui préserve le projet national des contradictions internes et maintient la boussole orientée vers l'objectif ultime.

De ce fait, il n'est pas correct d'évaluer tout le monde selon une seule mesure, mais chaque position doit être comprise dans son contexte politique ou opérationnel, tout en préservant l'objectif commun et l'intégration pour réaliser la libération et mettre fin à l'occupation.

De même, la critique - qui est un droit légitime et une nécessité nationale - ne sera complète que si elle est accompagnée d'un plan alternatif réalisable. Une critique sans vision opérationnelle devient plus proche de la surenchère que de la responsabilité, et la critique constructive est celle qui diagnostique l'erreur, propose une voie meilleure et respecte les efforts et les sacrifices des autres en même temps, car elle provient de la préoccupation et non de l'animosité.

Le critère du nationalisme en Palestine doit rester fixe et clair : celui qui fait face à l'occupation fait partie de la lutte pour la libération, et celui qui s'occupe de déformer ses partenaires dans la lutte sans diriger une seule flèche vers l'ennemi, que ce soit par intention ou par ignorance, prolonge la durée de l'occupation et affaiblit le front intérieur.

Il n'est pas demandé que nous nous ressemblions ou que nous nous fusionnions en une seule faction, mais que nous gérions nos différences avec sagesse et conscience de manière à contribuer à servir l'objectif plus grand : la libération. L'occupation est l'ennemi ultime et tout ce qui suit est un détail qui doit être géré avec un esprit national mûr, non avec une animosité factionnelle ou des manœuvres médiatiques.

Transformons donc la concurrence entre nous en une course vers la résistance, le sacrifice et l'accomplissement national.

Concurons pour savoir qui inflige le plus de douleur à l'occupation et qui offre le plus à la Palestine - et non pour savoir qui satisfait le plus l'ennemi ou qui nuit le plus à ses propres concitoyens.

Dans ce contexte, nous proposons :

1. Établir un code éthique national entre les factions confirmant que la critique interne doit rester dans le cadre de l'intérêt national et interdisant la trahison et l'incitation médiatique qui servent l'occupation.
2. Respecter les engagements internationaux de l'OLP, en tant que représentant légitime du peuple, tout en garantissant que ces engagements ne soient pas utilisés comme prétexte pour entraver la résistance ou le droit du peuple à la libération.
3. Lancer un dialogue national permanent qui équilibre les exigences politiques et les nécessités du terrain et empêche la collision entre les deux voies.
4. S'engager dans une critique responsable qui soit accompagnée d'un plan ou d'une alternative réaliste, loin de la surenchère ou de la diffamation.

5. Développer un média national professionnel et impartial qui s'adresse à toutes les catégories du peuple et offre un espace à tous les Palestiniens. Ce média doit mettre en avant les réalisations des factions face à l'occupation et renforcer la culture de l'unité malgré les différences tout en pratiquant la critique constructive et en ouvrant un véritable espace pour un dialogue libre entre les opinions et l'autre opinion. En outre, il doit contribuer à l'implication nationale tout en distinguant clairement entre les défis secondaires et le conflit stratégique contre l'occupation.

6. Émanciper les structures jeunes et étudiantes pour leur permettre de retrouver l'esprit de concurrence saine à travers des projets nationaux et des initiatives conjointes sur le terrain qui renforcent l'appartenance et renouvellent le discours national, et soient le point de départ d'une unité et un modèle à suivre pour les autres.

L'unité de l'objectif ne signifie pas une uniformité des moyens, tout comme la pluralité ne signifie pas une division tant que chacun agit sous le toit de la patrie. La véritable concurrence est celle qui sert les intérêts de la Palestine et accélère la disparition de l'occupation. Que notre boussole soit toujours orientée vers Jérusalem et que notre véritable combat soit contre ceux qui occupent notre terre, et non contre ceux qui partagent notre rêve de liberté.

Cet article exprime l'opinion de son auteur et ne reflète pas nécessairement l'opinion de l'Agence de Presse Sada.