De la destruction à la reconstruction : Dr. Faïz Al-Masri donne une vision sur les politiques de gouvernance de la reconstruction de Gaza
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De la destruction à la reconstruction : Dr. Faïz Al-Masri donne une vision sur les politiques de gouvernance de la reconstruction de Gaza

Il a souligné la nécessité de passer des projets ponctuels à une vision de développement durable.

Depuis 2008, la bande de Gaza vit une situation unique et complexe de conflit continu entre destruction et reconstruction. Les guerres répétées ont non seulement détruit les infrastructures et les services publics, mais ont également entraîné des pertes humaines et matérielles énormes, faisant de toute opération de reconstruction un immense défi sur les plans administratif et politique.

L'expert en politiques et gouvernance du développement et de la construction urbaine, le Dr. Faïz Mahmoud Al-Masri, estime que la reconstruction de Gaza ne peut se résumer à la construction de maisons et d'écoles, mais doit être un processus global visant à construir des capacités institutionnelles et stratégiques qui garantissent la durabilité des projets et améliorent la qualité de vie des habitants à long terme.

Complexités politiques et administratives

Al-Masri affirme que les défis auxquels fait face la reconstruction à Gaza sont principalement de nature politique et administrative, le schisme palestinien entre Gaza et la Cisjordanie ayant conduit à l'absence de décisions unifiées et de visions complètes, tandis que le pluralisme des donateurs et le chevauchement des politiques régionales et internationales ont affaibli la capacité du gouvernement palestinien à planifier et à exécuter.

Il ajoute que la faiblesse des capacités institutionnelles, la dispersion des références juridiques et la difficulté de coordination entre les différents acteurs font que les projets de reconstruction sont souvent non intégrés et non durables, perpétuant ainsi un cycle de reconstruction temporaire et partielle.

Cercle récurrent de destruction et de reconstruction
Gaza a traversé une série de guerres depuis 2008, à commencer par la première agression (2008-2009) qui a causé d'importantes destructions de maisons, d'hôpitaux et d'écoles, en passant par les guerres de 2012, 2014 et 2021, jusqu'à la dernière guerre s'étendant entre 2023 et 2025.

Chaque cycle de ces guerres a approfondi la destruction et augmenté les taux de déplacement et de chômage, plongeant ainsi le secteur dans un cycle continu de destruction et de reconstruction, selon les mots d'Al-Masri, qui souligne que toute nouvelle politique doit reposer sur la flexibilité et la durabilité, et non seulement sur une réponse d'urgence.

Acteurs multiples et défis de coordination
Les responsabilités de la reconstruction sont réparties entre plusieurs parties, la plus importante étant le gouvernement palestinien qui élabore des plans officiels mais rencontre des difficultés dans son exécution en raison de la division, et les organisations internationales telles qu'UNRWA, le Programme des Nations Unies pour le développement et l'UNICEF, qui mettent en œuvre des projets vitaux malgré un financement limité. Des pays donateurs tels que le Qatar, l'Égypte, la Turquie, l'Union européenne, l'Arabie saoudite et les États-Unis jouent également des rôles centraux, mais selon des priorités politiques variées.

Quant à la société civile et au secteur privé local, ils contribuent à de petits projets spécifiques mais nécessaires pour répondre aux besoins immédiats des habitants.

Al-Masri souligne que la faiblesse de la coordination entre ces entités représente le plus grand défi, car les projets se répètent parfois ou manquent d'intégration, en l'absence d'une autorité centrale supervisant la planification et la gestion globale des efforts de reconstruction.

Failles dans la planification et la gouvernance

Al-Masri évalue que les politiques de planification et de gestion à Gaza manquent encore d'intégration et d'une vision à long terme. La plupart des projets – dit-il – "étaient dispersés et non unifiés, sans être intégrés dans une stratégie nationale globale", tandis que le chevauchement de la politique avec l'administration a conduit à des conflits de priorités et à des retards dans l'exécution.

Il ajoute qu'une dépendance importante au financement externe rend les projets vulnérables aux fluctuations des donateurs, tandis que la bureaucratie et la centralisation affaiblissent la surveillance de la qualité de l'exécution, ce qui a un impact négatif sur l'efficacité de la reconstruction et du développement durable.

Dimensions sociales et économiques
Les conditions sociales et économiques exercent des pressions supplémentaires sur les efforts de reconstruction. Le blocus israélien et les restrictions à l'entrée des matériaux de construction entravent l'exécution des projets, tandis que les taux de chômage et de pauvreté atteignent des niveaux sans précédent. De plus, le déplacement interne et les pressions psychologiques sur les habitants rendent nécessaire que les projets de reconstruction prennent des dimensions humaines et sociales, et pas seulement techniques.

Modèle proposé pour une reconstruction durable
Le Dr. Al-Masri propose un nouveau modèle basé sur cinq piliers principaux :
1. Créer une autorité nationale indépendante pour superviser tous les projets de reconstruction.
2. Renforcer la transparence et la responsabilité dans la gestion des fonds et des ressources.
3. Lier la reconstruction aux plans de développement national pour garantir sa continuité.
4. Impliquer la communauté locale et le secteur privé à toutes les étapes. 5. Planification participative et décentralisée pour répondre aux besoins de chaque région de manière distincte.

Leçons et recommandations
Parmi les principales leçons tirées, selon Al-Masri, figure le fait qu'une vision stratégique unifiée est une condition essentielle pour éviter le gaspillage et garantir la durabilité des projets, en plus de renforcer les capacités institutionnelles et de relier la reconstruction au développement économique et social. Il appelle également à tirer parti des expériences internationales et arabes en matière de reconstruction urbaine après les conflits pour éviter de répéter les erreurs passées.

Al-Masri conclut en affirmant que "la reconstruction de Gaza n'est pas juste une question de construction des bâtiments détruits, mais une opportunité de reconstruire des institutions solides et durables", en mettant l'accent sur le fait qu'une gouvernance efficace, un financement continu et une planification stratégique à long terme peuvent transformer Gaza d'une zone de destruction en un modèle de développement exemplaire garantissant une meilleure vie aux générations futures.

Cet article exprime l'opinion de son auteur et ne reflète pas nécessairement l'opinion de l'Agence de Presse Sada.