
Ce qui se passe en Cisjordanie - Antoine Shalhat
En suivant les réactions initiales émises par quelques organisations civiles libérales en Israël concernant l'arrêt de la guerre à Gaza, il est possible de constater qu'après avoir salué cette avancée, elles ont jugé important d'exprimer un espoir profond que les regards du monde se dirigent davantage vers ce qui se passe en Cisjordanie. Cette région connaît, depuis la formation du gouvernement israélien actuel à la fin de 2022, un recours à l'extrême droite israélienne, comme l'affirme le ministre des Finances Bezalel Smotrich, qui, avec tous les acteurs du courant du sionisme religieux, cherche à exploiter cette opportunité historique qui a conduit à son contrôle sur les rouages du gouvernement pour modifier la nature fondamentale de la Cisjordanie par le biais du renforcement de la colonisation. Il est affirmé que l'objectif principal du gouvernement doit être d'atteindre un "point de non-retour", de sorte qu'aucun gouvernement futur, même si l'extrême droite venait à tomber, ne pourrait mettre en œuvre une séparation entre les deux peuples. La position du Likoud ne diffère guère de cette approche, et cela a également été renforcé à la suite de la guerre d'extermination à Gaza.
Le discours de ces organisations comporte deux signaux importants : le premier est que l'hypothèse prédominante en Israël est que Washington sera toujours à ses côtés, même si des démarches d'annexion en Cisjordanie et à Gaza sont entreprises. Par conséquent, il n'est pas étonnant qu'Israël nuise à ses relations avec des pays occidentaux majeurs, sans tenir compte des fluctuations de l'ère du président Donald Trump, ni de la possibilité que des présidents américains futurs adoptent une politique totalement différente. Le second signal est que les pratiques des gouvernements israéliens successifs depuis l'occupation de 1967 constituent le tronc des branches actuelles, et il est donc impossible de dissocier l'origine des branches.
En outre, les faits en cours d'accumulation sur le terrain constituent les outils de ces organisations pour analyser ce qui se passe en Cisjordanie et critiquer les politiques du gouvernement. En effet, certains affirment qu'il existe un accord politique entre les composantes de la coalition gouvernementale actuelle qui permet de la maintenir, et l'un de ses points les plus dangereux serait que la droite coloniale extrême obtienne une décision d'annexion de la Cisjordanie sur un plateau d'argent. Dans le contexte de la guerre à Gaza, l'annexion des territoires en Cisjordanie avance à une vitesse phénoménale, presque sans aucune opposition ou lutte populaire.
Les faits sont les suivants : tout d'abord, depuis le début de la guerre, des dizaines de points de colonisation illégaux ont été établis. Des organisations ont signalé qu'il était habituel dans les années précédant la guerre que les colons créent environ six points de colonisation par an, tandis que ces deux dernières années, ils en ont établi un nouveau presque chaque semaine. Malgré l'illégalité de ces points, aucun d'entre eux n'a été évacué. Au contraire, ils sont protégés par les soldats, malgré le manque de personnel dans l'armée.
Deuxièmement, les points de colonisation illégaux sont directement liés à la violence des colons et à l'expulsion des éleveurs et agriculteurs palestiniens de leurs terres, un phénomène que le directeur du Shin Bet israélien a déjà qualifié de terrorisme juif. Pourtant, sous le couvert de la guerre, l'armée a mobilisé les colons pour protéger les colonies et les points de colonisation, tandis que le ministre Itamar Ben Gvir a travaillé à les armer par le biais de la police. Les résultats montrent que l'organisation B'Tselem pour les droits de l'homme a documenté, depuis le début de la guerre, l'expulsion de dizaines de communautés de leurs terres, ainsi que l'expulsion partielle de dizaines d'autres communautés, tandis que des dizaines de communautés supplémentaires subissent des attaques régulières.
Troisièmement, des dizaines de milliers d'unités de logement ont été construites dans les colonies, y compris la création de cinq colonies officielles. De plus, plus de 24 000 dunams en Cisjordanie (une superficie équivalente à celle de la ville d'Hertzlia) ont été confisqués à l'aide d'une méthode connue sous le nom de "déclarations de terres d'État". Cette méthode vise à justifier le vol des terres des Palestiniens en Cisjordanie et leur conversion à des fins de colonisation. Selon les données de l'organisation "Paix Maintenant", la superficie des terres confiscées cette année dépasse le total des terres confisquées de cette manière depuis 2000 jusqu'en 2024. Voici une liste de faits partiels.

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