Haaretz : La prochaine génération de républicains américains s'éloigne d'Israël

SadaNews - Le Parti républicain américain connaît une transformation idéologique rapide avec le passage des générations, notamment parmi les jeunes conservateurs et le courant populiste, entraînant un déclin significatif du soutien traditionnel à Israël, menaçant ainsi l'ancien consensus de ce parti avec son rival, le Parti démocrate, sur la relation spéciale entre Washington et Tel Aviv, selon un article d'opinion publié par le journal Haaretz.

Le journaliste Nathaniel Sliomovich a accusé dans son article le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, recherché par la justice internationale, de jouer un rôle clé dans l'érosion du soutien des démocrates à Israël par ses méthodes violentes et son parti pris pour les républicains.

Bien que le président américain Donald Trump et les principaux dirigeants de son ancien parti républicain continuent de soutenir Israël, le mouvement populiste (MAGA) qu'il a fondé commence à montrer des tendances isolationnistes croissantes et des doutes sur la pertinence de l'engagement américain dans les guerres et les obligations au Moyen-Orient, y compris le soutien inconditionnel à Israël, selon l'article de Haaretz.

L'auteur de l'article a noté que des voix discordantes commencent à émerger parmi des figures conservatrices de premier plan comme Steve Bannon - qui a dirigé la première campagne présidentielle de Trump en 2016 et est l'un des architectes du mouvement populiste florissant - et le célèbre animateur américain Tucker Carlson, car tous deux critiquent ouvertement Netanyahou, le qualifiant d'incitateur qui pousse l'Amérique vers les guerres.

Il y a aussi la politicienne et femme d'affaires américaine d'extrême droite Marjorie Taylor Greene et d'autres figures proches de Trump qui remettent en question le statut moral d'Israël et son importance stratégique.

Dans ce contexte, JD Vance, vice-président américain, a appelé dans un discours à ce qu'Israël et les pays sunnites du Moyen-Orient prennent la responsabilité de "réguler la région", permettant ainsi un retrait progressif des États-Unis.

Ajoutons à cela des influenceurs de podcasts et des journalistes (comme Theo Von et Tim Dillon) qui reflètent à leur tour la montée de la colère numérique parmi les jeunes envers l'influence israélienne dans la politique américaine.

Le moment décisif

Dans une interview accordée au New York Times, Bannon n'a pas caché son mépris pour le Premier ministre israélien, qu'il a qualifié de fervent partisan de la guerre qui entraîne Trump dans la guerre en exagérant la menace nucléaire iranienne. Il a déclaré - dans cette interview - s'adressant à Netanyahou : "Vous avez déclenché une guerre, et commencé un conflit sans avoir la capacité militaire de le finir, puis vous n’avez eu d’autre choix que de compter sur nous".

Le soutien à Israël, depuis sa création en 1948, a toujours été un consensus entre les deux partis aux États-Unis, selon Sliomovich, rappelant ce que le président John Kennedy avait dit en 1962 à l'ancienne ministre des affaires étrangères israélienne Golda Meir : que "les États-Unis entretiennent une relation spéciale avec Israël au Moyen-Orient, semblable seulement à leur relation avec la Grande-Bretagne".

Cependant, le journaliste israélien souligne dans son article que Netanyahou a, pendant plus d'une décennie, systématiquement œuvré à saper la relation avec le Parti démocrate et son électorat jusqu'à la rompre. "Et maintenant, il semble qu'il ait contribué de manière significative à provoquer un changement radical dans l'opinion publique républicaine".

Le moment décisif dans la rupture entre Israël et le Parti démocrate - selon lui - a été le discours du Premier ministre israélien au Congrès américain en 2015, lorsque des membres du Parti républicain dans la plus haute instance législative des États-Unis lui ont demandé d'attaquer l'accord nucléaire négocié par l'administration du président Barack Obama.

Sliomovich a affirmé que ce "choix conscient" de brûler les ponts avec le Parti démocrate a conduit à une réaction violente qui s'est déjà manifestée lors de l'opération "Gardien des murs" menée par Israël contre la bande de Gaza en mai 2021, lorsque des sondages d'opinion ont montré que le soutien à Israël parmi les démocrates avait chuté en dessous de 50 % pour la première fois, et la descente a continué sans relâche depuis lors.

Désintégration et méfiance

L'article de Haaretz confirme que des dirigeants populistes ont commencé à faire état du fait que le soutien accordé à Israël est en contradiction avec le slogan "L'Amérique d'abord" brandi par Trump, considérant qu'Israël pousse les États-Unis à des guerres sans intérêt pour eux, et adopte des valeurs sociales contraires aux valeurs chrétiennes conservatrices en Amérique (comme le soutien aux droits à l'avortement et aux personnes LGBT).

 

Tout comme les progressistes du Parti démocrate, l'auteur de l'article a indiqué que des voix au sein du mouvement Trump appellent à réduire l'influence politique des groupes pro-israéliens, comme l'American Israel Public Affairs Committee (AIPAC).

Il a ajouté qu'il y a également des appels pour fermer les bases militaires américaines au Moyen-Orient après la dernière guerre avec l'Iran, ainsi que des avertissements selon lesquels Israël pourrait entraîner à nouveau les États-Unis dans des conflits dans lesquels ils n'ont pas d'intérêt.

Ce que l'auteur veut souligner, c'est que ce qui était autrefois un consensus américain sur le soutien à Israël commence à se désintégrer, car parmi les jeunes républicains et le courant populiste pro-Trump, il y a une vague croissante de doute et de questionnement sur la nature de la relation avec Israël, et une demande pour des politiques étrangères qui se concentrent principalement sur les intérêts américains, et non sur la protection d'alliés perçus aujourd'hui avec méfiance.

Source : Haaretz