Le suivi des développements du débat intérieur israélien concernant l'issue de la guerre dans la bande de Gaza est le suivant : d'abord, le Premier ministre Benjamin Netanyahou est déterminé à poursuivre la guerre, affirmant que cela permettrait de récupérer tous les prisonniers israéliens, tout en remportant la bataille contre le Hamas, sans toutefois expliquer au grand public israélien, ni même à ses partenaires politiques ou à la direction de l'institution sécuritaire, comment il compte s'y prendre. Certes, Netanyahou annonce qu'il va mener les négociations et la guerre simultanément, mais en réalité, il n'opère que sur le front militaire et évite de promouvoir le chemin des négociations.

Deuxièmement, des proches de Netanyahou confirment que dans sa détermination, il ne tient compte que de ce qu'un de ces proches a appelé la "température de la Maison Blanche" à Washington. Tant qu'il ressent qu'il y a des vents favorables de la part du président Donald Trump, la guerre continuera ; et s'il pense que Trump change d'avis, il est probable qu'Israël stoppe ses opérations.

Troisièmement, la raison du différend entre Netanyahou et l'institution sécuritaire concernant la poursuite de la guerre, notamment en ce qui concerne le plan d'occupation de Gaza qui a été approuvé par le cabinet restreint israélien selon de nombreux analystes militaires, réside dans le fait que l'armée israélienne n'a pas moyen de garantir aucun des éléments des décisions prises par le cabinet. Selon les informations provenant des hauts commandements militaires, elle ne peut assurer la sécurité des prisonniers ni empêcher leur mort, ni garantir d'éviter des pertes nombreuses dans ses rangs lors de la bataille pour la ville de Gaza. Il est certain qu'elle ne peut même pas s'engager sur des délais pour achever les "opérations de nettoyage" dans Gaza souterraine, et elle ne peut même pas garantir l'évacuation d'un million de civils palestiniens dont la majorité n'est pas d'accord pour l'évacuation. Pour toutes ces raisons, le chef d'état-major et la direction de l'institution sécuritaire avertissent qu'Israël pourrait s'enliser et plonger davantage dans la guerre au lieu de l'achever.

Il est également signalé dans le cadre des mêmes analyses que Netanyahou a eu une dispute avec le chef d'état-major général, après que ce dernier ait déclaré que le plan de Netanyahou pourrait être un "piège mortel". Selon certains, ce piège ne serait pas mortel seulement pour les prisonniers israéliens, pour de nombreux soldats et pour des milliers de Palestiniens, mais il pourrait également s'avérer fatal pour Israël et le transformer en un État paria. Il semble que la préoccupation autour du "piège mortel" réside dans le fait que l'armée a déjà deux ans de guerre qui l'ont épuisée, tandis que la société israélienne est profondément divisée sur la question des prisonniers, et la légitimité internationale est à son niveau le plus bas jamais atteint.

En ce qui concerne le positionnement de la direction de l'armée israélienne, il a été rapporté dans des articles concordants de journalistes militaires israéliens que cette direction a averti que l'occupation de Gaza pourrait amener Israël à établir un régime militaire, ce qui pourrait entraîner cinq lourdes conséquences qu'il est douteux qu'elle puisse assumer. Celles-ci incluent : le renoncement de facto aux prisonniers, la mort de nombreux soldats, l'augmentation du coût économique, l'alourdissement du fardeau à long terme sur l'armée, avec un risque d'épuiser les forces de réserve et l'armée régulière, et l'aggravation de la détérioration politique et légale qui pourrait aboutir à faire d'Israël un État paria.

Un historien militaire ayant occupé un poste élevé dans la direction de l'armée israélienne a décidé de faire appel au général et historien de guerre prussien Carl von Clausewitz (1780-1831), qui, en abordant la nature de la guerre, a souligné que pour atteindre un point de décision, il faut que trois éléments s'entrelacent : le peuple, l'armée et le gouvernement. Un tel entrelacement était l'une des caractéristiques qui ont distingué Israël au début de la guerre à Gaza il y a environ deux ans, mais il n'a pas permis d'atteindre une décision. Il est désormais douteux qu'une décision puisse être atteinte actuellement dans le cadre de la position de l'armée d'une part, et l'approfondissement des divisions sociales et politiques dans la population d'autre part, sans oublier l'effritement de la légitimité internationale et la position globale d'Israël.